Article initialement publié sur la page Facebook le 9 septembre 2023.
Je rejette un œil à la légende tenace selon laquelle l’UNESCO aurait déclaré le judo comme meilleur sport formateur pour les enfants, après avoir assisté à une présentation où c’était mis en avant avec une copie de l’article espagnol qui tourne en boucle (en toute bonne foi, l’orateur signalait d’ailleurs ne pas avoir trouvé la version française). Le seul endroit où on retrouve réellement cette information, c’est les pages de judokas qui la colportent sans l’esprit critique et la rigueur qui font justement partie des compétences normalement développées par les arts martiaux.
La question est rapidement réglée sur les forums où elle est posée. En cherchant « judo unesco« , tout ce qu’on trouve du côté de l’UNESCO, c’est deux publications :
- https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000146551 (Plan d’éducation pour le développement et l’intégration de l’Amérique latine, 1997 – en espagnol) où le mot judo n’est cité que trois fois sur 230 pages, avec la danse et la natation, tout simplement comme exemple de sport excellent pour la perception spatiale et la latéralisation.
- https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000371561 (Développement des jeunes par les arts martiaux : sélection de bonnes pratiques, 2019 – en anglais) qui examine l’intérêt éducatif des arts martiaux (le mot judo est cité deux fois, anecdotiquement, parmi les autres) et qui date d’ailleurs de bien après la naissance de la légende.
L’argument marketing ne tient donc absolument pas. Je suis tout à fait convaincu (sinon je ferais autre chose) de la valeur du judo, ou plutôt des arts martiaux, mais pas au point de penser que c’est ce qu’il y a de meilleur pour tout le monde. Ce serait manquer de réalisme et de modestie (une des valeurs du fameux code moral qu’on se complaît à brandir). C’est seulement ce qui me convient le mieux à moi, et sans doute aux autres pratiquants qui choisissent de continuer.
Quand un élève m’annonce qu’il arrête pour faire autre chose, je l’encourage toujours et je suis content s’il trouve son bonheur ailleurs. Parce que la meilleure activité, c’est celle dans laquelle on se sent bien.
