(Extrait des Clés pour le judo de Jérémie.)
D’autres techniques non classifiées existent. Elles servent à attaquer et à contrôler un adversaire en combat réel. On les trouve dans les kata. Il s’agit des :
- Tori-waza (取技 « techniques de saisie »).
- Oshi-waza (押技 « techniques de poussée ») et mawashi-waza (廻技 « techniques pour faire tourner »).
- Torsions de l’avant-bras (ou clés de poignet) 1 : kote-gaeshi (小手返 « retournement de l’avant-bras »), kote-hineri (小手捻 « torsion de l’avant-bras »).
- Buki-waza (武器技 « techniques d’armes ») avec tantō (短刀), bâton (tsue/jō 杖), sabre (katana 刀/bokken 木剣), pistolet (kenjū 拳銃). Jigorō Kanō aurait souhaité fusionner le jūdō et le kendō pour développer le travail aux armes, mais il n’en a pas eu le temps et tout le monde n’était pas d’accord avec lui.
Kyūsho
Les frappes, à mains nues comme aux armes, visent des parties précises du corps, les kyūsho (急所), « points vitaux, points faibles » ou points de pression. Il s’agit des parties les plus sensibles du corps, là ou se trouvent les organes, les articulations, les centres nerveux, les principaux vaisseaux sanguins. Jigorō Kanō en a défini 12 principaux visés par les atemi (image ci-contre), mais il y en a beaucoup sur tout le corps, du haut du crâne au bout des orteils. La plupart se trouvent sur la tête (il y en a énormément sur le visage), l’abdomen (qui contient tous les principaux organes et le plexus solaire) et le dos (colonne vertébrale). Quand tu as mal quelque part en général, il y a beaucoup de chances que ce soit à un de ces endroits-là. Tu peux les chercher assez facilement sur toi-même en poussant avec ton doigt. Quand c’est moins agréable ou que tu sursautes, c’est que tu touches un point kyūsho. D’ailleurs, instinctivement, depuis tout petit, quand on veut embêter ou chatouiller quelqu’un, c’est sur ces points-là qu’on appuie. C’est aussi sur ces points qu’on travaille en médecine traditionnelle chinoise (par exemple en acupuncture) et japonaise (par exemple en shiatsu).
Kappo
Si les anciennes écoles de jūjutsu apprenaient à blesser et à tuer, elles enseignaient aussi des techniques de guérison. Jigorō Kanō les avait apprises de ses maîtres. Le kappo ou kuatsu (活法) était une « méthode de réanimation » auparavant enseignée aux ceintures noires. La tradition voulait que quand quelqu’un passait ceinture noire, on l’étranglait jusqu’à ce qu’il s’évanouisse pour qu’il sache l’effet que ça fait, puis on le réanimait et on lui apprenait à réanimer les autres. On apprenait à pratiquer les premiers soins, généralement par des pressions ou des percussions sur des points du corps comme les kyūsho : apaiser un malaise, arrêter un saignement, faire passer la douleur après un coup aux parties génitales, remettre un membre luxé, débloquer le diaphragme quand la respiration est coupée, etc. On n’enseigne ni ne pratique plus le kappo aujourd’hui. Il vaut mieux suivre une formation en secourisme et laisser les actes médicaux aux médecins.
On préfère généralement dire clés de poignet, mais kote (小手 « petit bras ») désigne en fait l’avant-bras. « Poignet » se dit tekubi (手首 « cou du bras »).↩