(Extrait des Clés pour le judo de Jérémie.)
Le professeur (sensei 先生 « celui qui est né (ou qui a vécu) avant » 1) guide la progression de l’élève (deshi 弟子). Il lui transmet ses connaissances, corrige ses erreurs, l’encourage, lui fait passer les grades kyū et le prépare aux examens de ceinture noire, le suit en compétition, lui propose toujours de nouveaux défis et de nouvelles réflexions, bref : il l’accompagne avec bienveillance tout au long de son parcours.
Le partenaire (aite 相手 « celui qui joint les mains, partenaire ») est essentiel. Il n’est pas du tout juste de dire que les arts martiaux sont des disciplines individuelles ! Sans partenaire, impossible de pratiquer. On se sentirait d’ailleurs bien seul sans copains pour apprendre ensemble et s’encourager les uns les autres : « entraide et prospérité mutuelle » ! Les plus anciens (les sempai 先輩« compagnons qui précèdent ») ont un rôle capital : ils guident les moins avancés (les kōhai 後輩 « compagnons qui suivent ») en partageant leur expérience, comme des aînés avec leurs cadets. Mais l’âge n’a aucune importance ! Un enfant ceinture jaune est le sempai d’un adulte ceinture blanche, par exemple. Chaque partenaire a un nom suivant son rôle : tori (取) est « celui qui saisit » l’occasion, qui exécute la technique, uke (受) est « celui qui reçoit » la technique, qui la subit 2.
L’adversaire n’existe qu’en shiai. Pourtant, même là, on considère l’adversaire comme un partenaire, puisqu’on s’affronte pour apprendre l’un de l’autre !
Au Japon, sensei s’applique généralement à une personne qui fait autorité, un maître non pas au sens de chef (maître et serviteurs), encore moins de gourou (maître à penser), mais d’expert en son domaine (celui qui maîtrise une discipline), qu’il soit enseignant, médecin, avocat, artiste ou homme politique : ceux qu’on appelle « maître, professeur, docteur » en français.↩
On remplace quelquefois tori par nage (投げ « celui qui projette ») ou uchi (打ち « celui qui frappe »), et uke par aite.↩