Compétition

(Extrait des Clés pour le judo de Jérémie.)

« Le combat n’est qu’un moyen d’étude, l’essentiel est la compréhension de principe, afin que ce principe pénètre notre vie entière. »
« L’échec dans la compétition ne doit pas être une source de découragement ni de désespoir, mais un signe de besoin d’une pratique plus grande et d’efforts plus soutenus à l’entraînement. »
« Le sens du sport n’est pas dans le score ou le record mais dans l’habileté et les moyens déployés pour y parvenir. »

Jigorō Kanō

Cette page explique ce qu’est la compétition en jūdō. Clique ici pour savoir comment ça se déroule en pratique.

Le jūdō est un art martial, un art du combat. Un élément susceptible d’accélérer la progression du jūdōka est donc la participation aux shiai (試合 « essayer ensemble », d’où « épreuve, compétition », test d’efficacité 1) à partir de 9 ans. La compétition n’est pas une fin en soi, mais un jūdōka compétiteur, même sans gagner, évolue souvent plus vite. On n’apprend pas le jūdō pour faire de la compétition, on fait de la compétition pour apprendre le jūdō. Comme dit le proverbe : l’important n’est pas de gagner, mais de participer ! La compétition a en effet plusieurs avantages : non seulement elle permet de se confronter à des jūdōka qu’on ne connaît pas et qui ont sans doute appris le jūdō différemment, de tester l’efficacité des techniques qu’on a apprises, de les améliorer, mais en plus, elle enseigne des leçons utiles pour la vie de tous les jours : contrôle de soi dans la victoire comme dans la défaite, apprendre de ses erreurs, apprendre de l’autre, respect de l’adversaire (il n’est d’ailleurs pas rare que des amitiés naissent entre des combattants qui se retrouvent régulièrement !), connaissance de ses limites, volonté de se dépasser, de franchir les obstacles, confiance en soi… Il ne faut pas regarder le résultat, mais le travail accompli et les leçons qu’on en tire. Le seul véritable adversaire, c’est soi-même.

Pour passer ceinture noire, il est obligatoire de marquer 10 points (= 10 victoires) dans les tsukinami shiai (月並試合, « shiai mensuels », avec un règlement particulier) avant de s’inscrire à l’examen technique, et il faut recommencer pour chaque nouveau grade jusqu’au 5e dan. Autant prendre goût à la compétition assez tôt pour s’y préparer !

Art martial et sport de combat

La compétition a aussi des inconvénients lorsqu’on pratique le jūdō pour apprendre à se défendre, parce que les règles empêchent d’entraîner des techniques efficaces, mais dangereuses. On peut ainsi distinguer art martial et sport de combat :

  • Dans l’art martial, on parle de combat réel. Le but est de survivre, de recevoir le moins de dégâts possibles et de mettre l’adversaire hors d’état de nuire. Il faut penser que tous les coups sont permis (y compris mordre, pincer, griffer, tordre les doigts, tirer les cheveux, piquer les yeux, frapper les parties génitales, briser un os, utiliser des objets et des armes, attaquer par derrière, piétiner l’adversaire au sol, être plusieurs contre un, etc.). La moindre ouverture, la moindre erreur peut être fatale. Selon le contexte, il peut s’agir de se défendre contre une agression (dans le cadre juridique de la légitime défense, qui ne tolère pas tout) ou d’un combat guerrier à mort, et il faudra adapter les techniques utilisées à la situation. De nos jours, pour la plupart d’entre nous, en temps de paix, il s’agira uniquement de se sortir d’une agression, ce qu’on appelle couramment la self-défense ou autodéfense. La compétition n’est pas possible dans cet état d’esprit. C’est pour ça que la plupart des écoles d’arts martiaux et de systèmes de self-défense refusent la compétition.
  • Dans le sport de combat, on parle de combat rituel, ce qui veut dire qu’il y a un cadre précis, des règles, des actions interdites pour la sécurité des participants qui s’affrontent avec respect sans chercher à se nuire, il s’agit de marquer des points pour se classer. On peut prendre des risques, laisser des ouvertures en sachant que l’adversaire ne pourra pas agir agir (par exemple, au jūdō, laisser sa tête, son foie ou ses parties génitales à découvert en sachant que l’adversaire ne peut pas frapper, ce qui serait fatal en combat réel, ou même travailler au sol : c’est utile contre un seul adversaire, mais illusoire lorsqu’on se retrouve face à plusieurs agresseurs).

Rares sont les arts martiaux qui entretiennent les deux aspects. Certains dōjō se concentrent sur l’aspect martial en refusant la compétition, d’autres sur le sportif en ignorant les applications martiales, d’autres, comme nous, s’intéressent aux deux. L’essentiel est d’être conscient du contexte dans lequel on travaille, des objectifs poursuivis et des qualités développées.


  1. Les Japonais font un jeu de mots avec shi ni ai (死に合), « rencontre avec la mort ». Ça ne rigole pas ! Comme un champ de bataille où il faut survivre à tous ses adversaires – marquer ippon, c’est donner le coup de grâce – mais toujours en respectant les principes et le code d’honneur du jūdōka seiryoku zen’yō et jita kyōei. Bien sûr, on n’essaie pas de s’entretuer, ni même de blesser volontairement son adversaire, mais de maintenir la maîtrise de l’adversaire tout en le préservant.

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