Déroulement d’une compétition

(Extrait des Clés pour le judo de Jérémie.)

Comme les règlements de compétition changent régulièrement, surtout depuis le début des années 2010, cette fiche ne contient que les principales notions à peu près constantes, et quelques-unes qui te permettront de comprendre les vidéos d’anciens combats que tu verras certainement sur Internet.

  1. Déroulement d’une compétition
  2. Déroulement d’un combat
  3. Arbitrage

Déroulement d’une compétition

Les compétitions sont organisées par catégories d’âge 1 (à partir de 9 ans) et de poids. Elles peuvent être individuelles ou, plus rarement, par équipes. Les combats ne sont pas mixtes : les filles rencontrent les filles, les garçons rencontrent les garçons.

La catégorie d’âge est définie par l’année de naissance, sans tenir compte du jour du mois, comme si tout le monde était né le 1er janvier : ainsi, en 2019, si un jūdōka est né le 29 février 2004 et un autre le 11 novembre 2004, on considère qu’ils ont tous les deux 15 ans et leur catégorie est donc U18 ; mais si l’un est né le 31 décembre 2010 et l’autre le 1er janvier 2011, on considère que le premier a 9 ans et que le deuxième a 8 ans alors qu’ils n’ont qu’un jour de différence en réalité. Le premier peut faire de la compétition (U11), mais pas le deuxième… parce qu’il est trop jeune !

Actuellement, les catégories d’âge sont 2 :

  • U11 (préminimes ; en France : poussins) : 9-10 ans
  • U13 (minimes ; en France : préminimes) : 11-12 ans
  • U15 (cadets ; en France : minimes) : 13-14 ans
  • U18 (espoirs ; en France et en anglais : cadets) : 15-17 ans
  • U21 (juniors) : 18-20 ans
  • +21 (seniors) : à partir de 21 ans
  • Vétérans/masters : à partir de 30 ans

Les compétitions pour les +21 sont souvent accessibles aux U21, parfois même aux U18, pour leur permettre de se préparer en se frottant aux plus anciens et pour augmenter le nombre de participants. 

Certains tournois sont organisés spécialement pour les U23 (21-22 ans).

Catégories de poids

Lorsqu’ils arrivent à la compétition, les jūdōka passent à la pesée. Les U11 et les U13 se pèsent en jūdōgi ; à partir d’U15, on se pèse en slip (garçons) ou en body (filles).

En U11 et U13, il n’y a pas de catégories définies : les jūdōka sont répartis dans des poules de 2, 3, 4 ou 5 participants avec une différence de 2 ou 3 kg maximum entre le plus léger et le plus lourd. Il arrive parfois malheureusement qu’un jūdōka se retrouve tout seul dans sa poule… Dans ce cas, il est quand même récompensé d’une médaille pour sa participation.

À partir d’U15, on utilise les catégories internationales. Elles sont différentes pour les filles et les garçons. Il n’y a pas de limite au nombre de participants par catégorie de poids. Jusqu’à 5, on forme une poule : chaque jūdōka rencontre tous les autres. À partir de 6, on forme un tableau éliminatoire en arbre : à chaque victoire, on passe au tour suivant (huitièmes de finale, quarts de finale, demi-finale, finale) ; si on perd, on peut être repêché et il est encore possible d’obtenir une 3e place, mais si on perd une deuxième fois, c’est fini.

Il existe des compétitions « open », c’est-à-dire sans catégories de poids, où les plus légers peuvent rencontrer les plus lourds et vice-versa. C’est l’esprit originel du shiai : il faut être capable d’affronter n’importe qui. Toutes les compétitions étaient comme ça avant que le jūdō devienne un sport olympique.

Règlements

Les U11 et U13 bénéficient d’un règlement adapté. Certaines techniques ou actions ne sont pas permises et le but pédagogique de la compétition est mis en avant. Il n’y a pas de championnats pour ces catégories, seulement des compétitions amicales.

À partir d’U15, on suit les règlements internationaux édictés par l’IJF. Il faut être minimum 3e kyū. En U15, les kansetsu-waza et les shime-waza sont interdits. À partir d’U18, toutes les familles de techniques sont autorisées.

Déroulement d’un combat

Afin que l’arbitre et le public puissent les reconnaître, les deux jūdōka portent une deuxième ceinture :

  • le premier appelé met une ceinture blanche
  • le deuxième met une ceinture rouge.

Au championnat de Belgique et dans les compétitions internationales, au lieu de mettre une deuxième ceinture, le premier garde un jūdōgi blanc, le deuxième met un jūdōgi bleu, dans un souci de clarté pour les (télé)spectateurs. Le jūdōgi bleu ne devrait être utilisé que dans ces compétitions et non à l’entraînement, bien qu’on le voie fréquemment dans les clubs. Dans certains dōjō ou dans certains cours, il est totalement interdit.

Lorsqu’ils sont appelés, les deux jūdōka se rendent au bord de la surface de combat. L’arbitre central 3 leur fait un signe pour qu’ils entrent dans la surface en saluant (comme lorsqu’on monte sur le tatami à l’entraînement). Une fois sur la surface, les deux jūdōka se saluent (il est aussi possible de saluer l’arbitre), puis font un pas en avant, pieds écartés. Le combat commence au signal bien connu de l’arbitre : Hajime !

Lorsqu’on tombe, il ne faut surtout pas s’arrêter, le combat continue au sol ! Si on perd le contact ou qu’on se relève, l’arbitre dit matte. De plus, pendant le combat, l’arbitre fait toutes sortes de gestes accompagnés d’une parole pour indiquer les points marqués à la table des commissaires sportifs (qui s’occupent du chronomètre et du tableau marquoir – on les appelle couramment chronométreurs). Il faut les ignorer afin de rester concentré sur le combat. Les seuls mots à écouter sont : « matte », « soremade » ou « sonomama ».

Matte, c’est comme au cours, on s’arrête et on reprend sa place de départ. Il faut remettre sa tenue en ordre pendant ce temps. Le combat n’est pas fini : ça redémarre dès que l’arbitre dit de nouveau « hajime » !

Soremade signifie que le combat est fini, soit parce qu’un des deux jūdōka a marqué ippon ou reçu trop de pénalités, soit parce que le temps est écoulé. Attention : quand on entend l’arbitre dire « ippon », il ne faut surtout pas s’arrêter tant qu’il n’a pas dit « soremade », il peut très bien s’être trompé et annuler l’ippon !

Sonomama est devenu très rare, mais il faut le connaître pour ne pas être surpris : il faut s’arrêter là où on est, sans changer de position, comme mettre pause dans un film.

S’il n’y a pas de vainqueur au bout du temps réglementaire (hikiwake), on entre dans le golden score : comme au foot, le premier qui marque un point remporte le combat. Pour les U11 et les U13, il n’y a pas de golden score : l’arbitre doit désigner un vainqueur (celui qui, d’après lui, a mené le combat avec de meilleures actions, les kinsa).

Enfin, l’arbitre lève le bras du côté du vainqueur pour le désigner. Les deux jūdōka reculent d’un pas, se saluent puis se serrent la main au centre du tatami – et, bien souvent, en profitent pour se féliciter et se remercier l’un l’autre. Enfin, ils retournent au bord de la surface de combat, saluent et quittent le tatami jusqu’au combat suivant.

Principaux termes et gestes d’arbitrage

Instructions
  • Hajime 始め (« début, commencez ») : le combat peut démarrer (ou reprendre après un matte). Geste : l’arbitre reste droit, bras le long du corps.
  • Matte 待 (« attendez, stop ») : interruption du combat, on reprend sa place et on attend le signal hajime pour continuer. Geste : l’arbitre tend la paume (signe stop) vers la table des commissaires sportifs.
  • Soremade それまで (« jusque-là, on s’arrête là ») : fin du combat. On reprend sa place, on remet sa tenue en ordre et on attend que l’arbitre annonce le vainqueur, puis on salue. Geste : pas de geste particulier. L’annonce de soremade suit directement le geste d’ippon.
  • Sonomama そのまま (« pas de changement », d’où « on ne bouge plus ») : pause, comme un arrêt sur image, on s’arrête là où on est, sans changer de position. Ça n’arrive qu’au sol, en général surtout quand l’arbitre doit s’approcher pour vérifier quelque chose qu’il ne voit pas bien pour la sécurité des jūdōka 4. Contrairement à matte, le chronomètre d’une immobilisation n’est pas remis à zéro. Le combat reprend comme si de rien n’était quand l’arbitre annonce yoshi よし. Geste : l’arbitre s’approche pour toucher les jūdōka.
  • Yoshi よし (« c’est bon, OK ») : reprise du combat après sonomama. Geste : comme sonomama.
Scores
  • Ippon 一本 (« un point ») : c’est comme un KO, celui qui marque ippon remporte immédiatement le combat. Après avoir annoncé ippon, l’arbitre annonce la fin du combat : soremade. La victoire par ippon (ippongachi 一本勝ち) est ce que tout combattant doit rechercher, c’est la victoire la plus noble. Trois possibilités :
    • projection sur le dos avec puissance, vitesse et contrôle
    • immobilisation pendant un temps déterminé
    • abandon de l’adversaire lors d’une immobilisation, d’une clé ou d’un étranglement
    • Geste : l’arbitre lève le bras à la verticale.
  • Waza-ari 技あり (« il y a technique ») : projection incomplète dans laquelle il manque un des critères de l’ippon ou immobilisation pendant un temps déterminé plus court que pour un ippon. 2 waza-ari additionnés donnent un ippon (waza-ari awasete ippon 技あり合わせて一本). Ainsi, si on marque waza-ari grâce à une projection, puis qu’on immobilise l’adversaire, l’immobilisation devra durer moins longtemps. Geste : l’arbitre lève le bras latéralement à l’horizontale ou un peu vers le haut.
  • Yūkō 有効 (« action valide ») : projection dans laquelle il manque plusieurs paramètres de l’ippon ou immobilisation pendant un temps déterminé plus court que pour waza-ari. Il n’y a pas de limite au nombre de yūkō qu’on peut marquer. Geste : l’arbitre tend le bras latéralement à 45° vers le bas.
  • Kōka 効果 (« effet ») : petit avantage, par exemple une projection sur les fesses, ou immobilisation pendant un temps déterminé très court. Il n’y a pas de limite au nombre de kōka qu’on peut marquer. Geste : l’arbitre lève la main devant son épaule en pliant le bras, comme un Indien qui fait ugh.

(Actuellement, yūkō et kōka n’existent plus, mais on les voit dans des vidéos d’anciennes compétitions.)

  • Kinsa 僅差 (« courte marge [d’avance], avantage ») : ce n’est pas un score à proprement parler, mais un petit avantage, une action qui ne vaut pas de point, mais qui peut servir aux arbitres pour déterminer qui a mené le combat et ainsi départager les deux combattants (c’était le cas lorsque le golden score n’existait pas ou qu’il était limité dans le temps, et ça l’est toujours pour les U11 et U13). La difficulté pour les arbitres est qu’on ne note pas les kinsa, ils doivent les garder en mémoire pendant tout le combat !
  • Hikiwake 引き分け : égalité. Geste : l’arbitre tend le bras devant lui avec un mouvement vers le bas, comme s’il coupait un fil en deux.
  • Fusengachi 不戦勝ち : « victoire sans combat », par forfait, lorsque l’adversaire ne se présente pas au combat. Il faut quand même accomplir tout le rituel de salut (saluer la surface, saluer l’adversaire absent, avancer d’un pas, l’arbitre annonce la victoire, reculer d’un pas, saluer l’adversaire absent, saluer la surface) pour obtenir la victoire.
  • Hantei 判定 (« jugement, verdict ») : victoire « par décision » des arbitres, en cas d’égalité, lorsqu’il faut obligatoirement désigner un vainqueur. Les arbitres tiennent alors compte des kinsa. Geste : pour les U11 et U13, comme une victoire normale. Pour les autres, lorsque c’était en vigueur, la décision se faisait « à la majorité des drapeaux » : chacun des trois arbitres recevait deux drapeaux représentant les deux combattants. Au signal de l’arbitre central, tous les trois levaient le drapeau de celui qu’ils jugeaient être le vainqueur. Celui qui avait au moins deux drapeaux en sa faveur remportait la rencontre.
Au sol
  • Osaekomi 押込 (« immobilisation ») : l’arbitre annonce ainsi le début d’une immobilisation et le chronomètre est lancé. L’arbitre annonce le score en fonction du temps qu’a duré l’immobilisation (rien, waza-ari ou ippon 5Geste : l’arbitre tend le bras en avant vers les jūdōka.
  • Toketa 解けた (« relâché, dégagé, libéré ») : sortie d’immobilisation. Attention, toketa ne veut pas dire matte, l’un des deux peut toujours reprendre le dessus ! Pour sortir d’une immobilisation, on peut :
    • se retourner sur le ventre
    • accrocher au moins une jambe de l’adversaire entre ses jambes
    • basculer l’adversaire pour reprendre le dessus
    • se mettre à genoux pour se relever.
    • Geste : l’arbitre agite le bras de gauche à droite devant lui.
Techniques interdites

Certaines techniques, jugées trop dangereuses, sont interdites en randori comme en compétition (les kinshi-waza), sous peine de disqualification : daki-age, kani-basami, kawazu-gake, dō-jime, ashi-garami, les clés de doigts, de poignet, d’épaule, de nuque, de jambe et de cheville, les atemi. Depuis quelques années, toute action du bras en dessous de la ceinture est également interdite en compétition dans le travail en tachi-waza. Les shime-waza et les kansetsu-waza ne sont autorisés qu’à partir de la catégorie espoirs (U18).

Pénalités
  • Shidō 指導: « instruction », d’où « avertissement », pénalité (comme un carton jaune). On peut en recevoir quatre. Geste : l’arbitre réalise un geste qui indique la raison du shidō puis montre le jūdōka pénalisé du doigt : une moulinette pour passivité, montrer les bords pour une sortie de tapis, pousser des mains pour un jūdōka qui refuse le kumikata, etc. Parfois, aucun geste n’est prévu et l’arbitre annonce simplement shidō, tantôt en expliquant au jūdōka pourquoi (surtout aux enfants), tantôt sans explication. Il arrive que les deux jūdōka reçoivent une pénalité en même temps. Ça arrive souvent quand ils sont tous les deux passifs.
  • Hansoku-make 反則負け : « défaite pour infraction », disqualification (comme un carton rouge). Soit le jūdōka a reçu trop de shidō (quatre), soit il a réalisé une technique interdite ou dangereuse ou un geste antisportif. Dans ce dernier cas, il est éliminé de la compétition ; sinon, il perd simplement le combat, mais il peut encore être repêché. Geste : comme shidō.
  • Autrefois, il existait aussi le chūi 注意 (« attention ! »), plus grave qu’un shidō, et le keikoku 警告 (« avertissement, mise en garde »), encore plus grave. Un shidō donnait un kōka à l’adversaire, deux shidō ou un chui lui donnaient un yūkō, trois shidō ou un keikoku lui donnaient un waza-ari et quatre shidō ou deux keikoku valaient hansoku-make.

  1. À une époque, il s’agissait plutôt de catégories de grade : tournoi des ceintures vertes, des 1er dan, des 2e dan, etc.

  2. « U » signifie under en anglais, « en dessous de ». U11 signifie donc « moins de 11 ans ». C’est la façon internationale de désigner les catégories. Chaque pays peut donner un nom aux catégories. Par exemple, en Belgique, les U11 sont appelés « préminimes », mais en France, on les appelle les « poussins ».

  3. Il y a en réalité trois arbitres : l’arbitre central et deux arbitres « de coin », qui étaient auparavant assis chacun à un coin de la surface de combat. Aujourd’hui, avec l’utilisation de la caméra, les arbitres de coin sont en fait assis à la table des commissaires sportifs avec un ordinateur sur lequel ils peuvent vérifier les actions. S’ils ont un autre avis que l’arbitre central, celui-ci doit changer sa décision.

  4. À l’origine, quand les surfaces de compétition étaient surélevées, on annonçait sonomama lorsque les jūdōka, pendant le travail au sol, risquaient de tomber en s’approchant du bord. Alors, ils s’arrêtaient de bouger et les arbitres venaient les tirer jusqu’au centre du tatami. On peut le voir dans quelques vieilles vidéos.

  5. Ou encore, naguère, kōka ou yūkō.

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