(Extrait des Clés pour le judo de Jérémie.)
Le japonais (nihongo 日本語) est la langue universelle des budō : les noms de techniques, formes de travail, principes, termes d’arbitrage, etc. sont exprimés en japonais. Les pratiquants du monde entier peuvent ainsi se comprendre quand ils parlent de leur art martial, même si peu d’entre eux parlent réellement japonais.
Le japonais est pour nous assez difficile, parce qu’il est très différent des langues européennes, et même de toutes les langues du monde : c’est ce qu’on appelle une langue isolée, n’appartenant à aucune famille de langues (le français, par exemple, appartient à la famille des langues romanes, comme l’italien, l’espagnol, le portugais, le roumain, le wallon…), même si on y retrouve quelques points communs avec les langues des pays voisins, comme le chinois ou le coréen. C’est une langue très synthétique et imagée, qui dit beaucoup de choses en peu de mots et laisse une grande place à l’interprétation. Cela explique que les noms des techniques aient parfois des traductions très pittoresques et même rigolotes (tsubame-gaeshi, « retour de l’hirondelle », yama-arashi, « tempête dans la montagne », kani-basami, « pince de crabe »).
Le japonais utilise trois écritures. C’est assez compliqué :
- Les kanji (漢字) sont des signes d’origine chinoise utilisés pour écrire des syllabes, des parties de mots ou des mots entiers. Il en existe plusieurs milliers ! Chacun peut se lire d’au moins deux façons : à la chinoise (lecture on) ou à la japonaise (lecture kun), et… des kanji différents peuvent se lire de la même façon !
- Les kana (仮名) servent à décomposer les mots en syllabes (un kana = une syllabe). Il en existe deux sortes :
- 46 hiragana (平仮名, ひらがな) pour écrire les mots japonais
- 46 katakana (片仮名, カタカナ) pour écrire les mots d’origine étrangère
On peut rencontrer les trois écritures dans la même phrase ! Les hiragana peuvent aussi accompagner les kanji en petit pour aider à les lire ; on les appelle alors furigana (振り仮名). Les traits des kanji et des kana doivent être tracés dans un ordre précis. On écrit de haut en bas ou de droite à gauche (parfois de gauche à droite).
Chez nous, on utilise une translittération en alphabet latin (ローマ字 rōmaji, « caractères romains »). Voici les principales différences avec le français :
- U représente toujours le son [ou] (ou plutôt un son entre [ou] et [u]).
- E représente toujours le son [é/è].
Plusieurs voyelles de suite doivent toujours être lues séparément : seoi = [séoï] et non [séwa].
- AE = [aé] comme dans Maëva, même si on croit entendre [aï] comme Maïté quand ça va vite : mae = [maé].
- G : toujours g comme dans go ou Guy, jamais j comme dans je. nage = [nagué] et pas
[naje]. - H : toujours aspiré, comme en anglais ou en néerlandais.
- J : en général dj, comme dans Jumanji. Jūji = [djououdji].
- S : toujours comme ss, jamais comme z. kesa = [késsa].
- SH : comme ch dans chien. shihō ressemble à chiot.
- CH : tch comme dans atchoum. uchi = [outchi].
- AN, EN, ON, IN : toujours séparer les lettres : an = âne, pas hi han. Ippon = [ip-pone].
Le macron (ū), le circonflexe (û) ou le redoublement (uu) est utilisé pour les voyelles longues : ū = û = uu ([o] long est le plus souvent écrit ou plutôt que oo, ça dépend du kana utilisé). On le laisse souvent tomber afin d’alléger l’écriture. Comme dans ce guide, judo devrait plutôt s’écrire jūdō/jûdô (voire juudou) !
Exemples :
Harai-goshi = [hharaï gochi]
Kuzure-kami-shihō-gatame = [kouzouré kami chihhoo gatamé]
Gyaku-jūji-jime = [guiakou djououdji djimé]
Alors, comment devrait-on dire le mot jūdō en réalité ? Est-ce vraiment l’homonyme de jus d’os ?
Il y a beaucoup d’exemples de kanji tout au long de ce guide, parce que c’est eux qui servent pour les mots du budō, mais presque aucun kana. Voici le tableau des kana 1. La partie seion donne les 46 hiragana et les 46 katakana de base. Tu remarqueras vite qu’ils servent à former tout le reste du tableau.
Essaie d’écrire tous les mots japonais du site en hiragana et ton nom et celui de tes amis en katakana !
- Oublie l’orthographe ! Il ne faut s’occuper que des sons.
- En japonais, [r] = [l] ! En fait, c’est un son qui est entre les deux.
- [v] = [b] ou ヴ.
- Pour le son [f], on utilise le signe フ [fu] : [fa] = fua フア
- [si] et [zi] doivent être remplacés par [shi] et [ji].
- Deux consonnes ne peuvent pas se suivre, sauf si la première est [n] dans certains cas. Il faut ajouter [o] ou [u] entre les deux.
- Pour indiquer une voyelle longue, on ajoute ー après le katakana.
- Les sons [an], [in] (ou [un]), [on] doivent être décomposés : a+n, e+n (parfois e+i+n), o+n. Parle avec l’accent marseillais pour t’aider !
- Il y a pas mal d’autres astuces, qu’on découvre avec l’expérience. Pas toujours évident !
- Abracadabra donne donc a-bu-ra-ka-da-bu-ra アブラカダブラ.
- Napoléon donne na-po-re-on ナポレオン.
- François-Marie Voltaire donne fu-ra-n-so-a-ma-rii-bu-o-ru-tee-ru フランソアマリーヴォルテール.
- Jean-Louis-Marie Poiseuille donne ja-n-ru-i-ma-rii-po-a-zu-i-yu ジャンルイマリーポアズイユ.
Repris de : <https://introductiontojapanese.wordpress.com/2012/08>.↩